Friday, November 22, 2019

*Bateau*
 Un homme qui navigue en solo tombe de son voilier mi-océan, n'ayant qu'un dispositif de flottaison. Après plusieurs jours, qui lui semblent des semaines, il voit à l’horizon un objet énorme, qui lui approche rapidement, étrangement silencieux et sans cheminées, en laissant aucune traînées de vapeur derrière lui.  Le sinistré se lance frénétiquement pour se positionner dans l'alignement de la trajectoire du navire. À son approche, il remarque que sa proue ressemble plutôt à une calandre d'automobile qu'un croisière et qu'il ne semble pas y avoir de nom ni de numéro d'identification. Pas tout à fait en mesure de contester, il monte volontiers à bord. Les membres de l'équipage sont courtois assez mais notamment discret sur certaines questions. Après une enquête persistante, il découvre que le moteur du navire tourne par induction électromagnétique avec l'électricité atmosphérique comme ressource principale.
 "D'où nous venons", a expliqué l'un des jeunes matelots du pont, "nous sommes passés de la voile à cette technologie; auto-suffisant, indépendant - primauté productrice; en sautant complètement votre ère vapeur;  c'est à dire combustion-dépendant, charbon, pétrole - consommatrice. Par cette procédure évitons tous ses erreurs malin et inconsistances moralement mortel."
 "Mais c'est ridicule! Ce que vous dites n'est pas possible", a déclaré le réfugié, "... et inimaginable en plus".
 "C'est vous qui l'avez dit." fut la réponse brève du membre d'équipage, plus pour clore la conversation et pour ensuite reprendre ses tâches.
 "Attends, attends une seconde ... Nous parlons de la Renaissance, de la Révolution Industrielle, mon ami, de la période la plus dynamique et la plus lucrative de l’histoire de la culture civilisée. Vous appelez ça malin?"
 "Évidemment." dit le ouvrier.
 "Mais pourquoi?" il a dit avec insistance, "comment? et pour quel raison?"
 "Je t'expliquerai exactement mais je ne pense pas que tu comprendras." commença le membre d'équipage, changeant son ton pour un plus sérieux et sévère mais sa demeure devint notamment sereine. "Notre philosophie est complètement intégrée à celle de la vie sur terre. Nos concrets s’intègrent à la métaphysique jusqu’à nos abstractions - de nos particuliers jusqu'aux universels. En bref, notre PhilosoPhysique est de ne jamais concevoir ni inventer quoi que ce soit des choses nuisible ou incompatible avec notre existence et de perfectionner nos concepts tant que possible compatible avec notre vie sur terre."
 "Oh, bien sûr, sauvegarder et protéger cette sacrée planète. Ce n'est pas nouveau - c'est la même chose partout ... et quel gâchis nous avons créé."
 "Non," dit calmement le matelot de pont, "L'Homme c’est en primaire, tout le reste suit et prend donc soin de lui-même."
 "Mais qu'est-ce que c'est cet espèce d'Homme que tu parle? Quel mélange de travail inachevé! Un grain de poussière dans l'univers. Une coagulation de produits chimiques. Si vous me demandez c'est le pire possible ... euh, ... créature qui n'a jamais mis ses pieds sur terre. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ait encore quelque chose qu’il n’ait pas encore complètement détruit. Ben oui - je sais, nous sommes efficaces - nous avons une longueur d’avance technologique ― tel qu'il est parfois difficile de suivre sa vitesse. Et comme vous le dites, tout se corrige à la fin, ... par la grâce de Dieu ... ou de la nature ... ou de quelque chose. Mais si vous me demandez, nous accélérons trop et sans freins - pas le temps de vous corriger de vous-même. Nous sommes partout ... et nulle part. Personne n'a toutes les réponses, il faudrait entretenir continuellement la conversation, parler pour parler, boucher les trous au fur et à mesure, rester à flot. Le plus important c'est d'écouter. Tout le monde doit se faire entendre - il n'y a pas d'absolu - pas de bonne ni de mauvaise réponse, acceptons tous sans questionner. Vous n'êtes ni meilleur ni différent de quiconque. Il faudrait garder foi ... et paix - restons positifs, optimistes - avancer, vive le moment présent, oui - ne regarde jamais en arrière et… euh… Pourquoi tu ris?
 "Rien." dit l’ouvrier, en regardant la mer derrière lui, "sauf que la conception de ce navire a été conçue par une société d'hommes qui *regardent en arrière*".
 "Hein?"
 "Ce que nous laissons dans notre sillage", a-t-il dit en retournant son regard direct aux yeux de l'intrus, "de la mer jusqu'au ciel".
 "Ça c'est ridiculement optimiste. Personne ne devrait avoir à assumer une responsabilité de cette envergure - très naïf. Vous avez beaucoup à apprendre jeune homme."
 "J'ai 180."
 "Quoi?"
 "Ans."
 "Vieux?"
 "Oui, si tu penses que c'est le bon mot."
 "Ha! tu plaisantes hein? Tu veut rire de moi."
 "Je ne t’ai pas prévenu que tu ne comprendrais pas?"
 "Tu penses que tu peux me faire apprendre quelque chose? Tu me prends pour un recrue?"
 "Il n'y a rien a
prendre.
 "Non, non je n’ai rien à apprendre de vous autres - surtout parce que chez nous on est venu ben trop loin pour changer du menu maintenant. Je suis du côté populaire quand même  éduqué des meilleurs écoles - diplômé des institutions reconnue mondiale et c’est toujours mieux de naviguer au courant prédominant ... uh, er, ... Tiens! attends, où vas-tu? Je n'ai pas encore fini."
Mais le membre d'équipage était déjà tourné et retourné pour reprendre à ses tâches. Le réfugié n'a eu aucune autre occasion d'engager en conversation avec lui ni autre membre de l'équipage car il a été débarqué le lendemain sur une île avec suffisamment de provisions pour plusieurs jours et l'assurance du capitaine qu'il informait la garde côtière locale de son emplacement.
 "Quel navire des fous flottants", se dit le naufragé, heureux de retrouver enfin ses pieds fermement implantés dans le sable, "Le mieux, pour moi, c'est d'oublier tout cela - personne ne me croirait de toute façon."
                                                                                     - Fin -